Le billetd’édouardde frotté Le billetd’édouardde frotté
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Faut-il revenir sur le Brexit ? J’ai déjà raconté comment, accompagné de deux agriculteurs, allemand et hollandais, il me fut donné d’expliquer à des « farmers » d’outre-Manche, ce qu’était le Marché commun. C’était avant que l’Angleterre ne nous rejoigne et, face à la pesanteur allemande et au dirigisme tatillon français, je croyais que le pragmatisme britannique apporterait un peu d’air frais. Il m’avait échappé que ce pragmatisme, loin de s’intéresser à ce qui se passait à Bruxelles, se limitait aux événements de la vie courante. Effectivement, notre public voulait surtout savoir si le Marché commun apportait une plus-value aux vaches et aux cochons ! Pour éviter une réponse aléatoire, nous « bottions en touche », évoquant la réconciliation franco-allemande, ce qui engendrait un acquiescement poli, accompagné parfois de bâillements discrets.
Il faut dire que la puissance commerciale anglaise s’est toujours appuyée sur les divisions au sein du continent et notre ami hollandais jouait un peu le cheval de Troie. La méfiance britannique à l’égard de nos tentatives d’union, aussi bien que de nos volontés historiques de domination, tantôt française, tantôt allemande, s’est accompagnée autrefois du désir tenace outre-Manche de freiner les moyens de communication. Il me souvient d’une chanson venue du fond du XIXe siècle se terminant par « Old England, very well, les Anglais ne voulaient pas qu’on perce le tunnel ! » L’Eurostar, aujourd’hui, permet pourtant à une cohorte d’hommes d’affaires, d’atteindre la City avant l’ouverture des bureaux. Le temps qui, on le sait est galant homme, finira aussi par donner raison aux jeunesses européennes qui veulent, elles, effacer les frontières et unir, non plus par un tunnel mais au grand jour, les Européens, qu’ils soient îliens ou continentaux.
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